Par habitant, la ville de Toronto bénéficie d’un soutien beaucoup plus marqué que le nôtre de la part du premier ministre.
Soyons clairs : un certain financement provincial est mieux que rien. Mais soyons également clairs : le récent accord de financement conclu entre Ottawa et la province manque d’argent.
Alors que de nombreux élus déclarent fièrement leur victoire, pourquoi cet accord n’est-il pas une bonne chose pour Ottawa ?
Simplement dit : un habitant d’Ottawa ne vaut-il que 46 % d’un habitant de Toronto ? Comme pour toutes les transactions financières, le diable se cache dans les détails et ces chiffres sont infernaux.
En novembre dernier, l’Ontario a annoncé un nouvel accord massif pour Toronto. Sur une période de trois ans, la province donnera à Toronto 1,2 milliard de dollars, ce qui représente environ 396,61 dollars pour chaque habitant de la ville.
Par ailleurs, l’accord annoncé la semaine dernière pour Ottawa prévoit des investissements opérationnels de 197 millions de dollars sur une période de trois ans. Cela représente environ 181,81 dollars pour chaque habitant d’Ottawa.
Je trouve difficile de soutenir l’idée que nos habitants ne sont pas, au minimum, égaux aux habitants de Toronto et qu’ils ne méritent pas un investissement égal par habitant.
Et le traitement inadéquat ne s’arrête pas là.
À Toronto, on prévoit un investissement en capital atteignant 7,6 milliards de dollars au cours des dix prochaines années. Ici, à Ottawa, nous recevrons 346 millions de dollars sur la même période. Nous pouvons tous constater que ce projet est également disproportionné en faveur de la « Big Smoke ».
Il n’y a pas eu de plus grand champion du transfert de l’autoroute 174 à la province que moi. En tant que conseiller municipal, j’ai fait adopter cette idée par le conseil et, en tant que député, j’ai présenté un projet de loi à cet effet.
Soyons donc clairs : si le premier ministre a déclaré qu’il chargerait l’autoroute, ce n’est pas ce que son gouvernement a dit dans son propre communiqué de presse.
Le communiqué de presse du gouvernement indique que la province contribuera à payer les coûts de maintenance et de réhabilitation de l’autoroute 174 pendant qu’ » une évaluation en trois étapes de la propriété provinciale potentielle de l’autoroute est en cours ».
« Propriété provinciale potentielle ». Nous sommes une ville gouvernementale. Les politiciens et les bureaucrates savent ce qu’une telle phrase signifie. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de marge de manœuvre pour finir par ne rien faire.
Alors, est-ce que l’autoroute 174 est en train d’être rechargée ou est-ce qu’il y a juste une possibilité qu’elle soit rechargée ? Pour me taquiner, ma femme me dit souvent qu’on est enceinte ou qu’on ne l’est pas, et qu’il n’y a pas de juste milieu.
Des questions importantes restent sans réponse. Combien cette approche progressive coûtera-t-elle, qui paiera pour cela et quand se terminera-t-elle ? Ce manque de clarté pourrait-il être une stratégie délibérée du gouvernement de l’Ontario et du conseil municipal pour prolonger le calendrier au-delà du cycle électoral de 2026 étant donné le calendrier opérationnel de trois ans du plan ?
Le nouvel accord pour Ottawa est également totalement silencieux sur les importants déficits opérationnels auxquels OC Transpo doit faire face. Le transport en commun, en revanche, est un facteur important dans l’accord conclu avec Toronto. En n’abordant pas cette question, les usagers d’OC Transpo devront faire face à une augmentation des tarifs et à une diminution de la qualité du service.
Au-delà du nouvel accord conclu avec Toronto, les usagers des transports en commun de la région du Grand Toronto viennent de recevoir une subvention importante grâce aux contribuables de l’Ontario. Le programme Ontario One Fare permettra aux usagers des transports en commun de la région du Grand Toronto de bénéficier d’une réduction de 1 600 dollars sur leurs tarifs, grâce à l’intégration de la TTC. Mais hélas, rien pour Ottawa.
Cette approche n’est pas rare de la part du gouvernement actuel de l’Ontario. Par exemple, le premier ministre a promis d’aider à financer le rétablissement d’Ottawa après le derecho de 2022, dont les dépenses se sont élevées à 50 millions de dollars, mais il n’a pas fourni un seul dollar de soutien.
Les politiciens d’Ottawa tentent de profiter de cette annonce pour aller au restaurant. Mais au lieu d’un repas gastronomique, les habitants d’Ottawa n’ont droit qu’aux restes de table de Toronto.